Face aux horreurs du monde, tenir debout
Avec toute l’horreur qui se déroule sous nos yeux éblouis par la lumière bleue de nos écrans, j’ai parfois l’impression que le 11 septembre n’a plus aucune importance. Comme si, face au génocide à Gaza, à la guerre perpétuelle en Ukraine et aux conflits oubliés qui ensanglantent d’autres continents, la tragédie d’il y a vingt-quatre ans n’était plus qu’un fait divers. Pourtant, c’est elle qui a propulsé le monde dans une dérive dont nous ressentons encore les secousses.
Mais les horreurs ne s’effacent pas les unes les autres. Elles s’empilent, elles se superposent. Pour celles et ceux qui les subissent, il n’y a pas de hiérarchie. Une guerre, un exil, un génocide, une agression, ou une bataille juridique contre une secte qui a brisé des vies : à chaque fois, c’est un monde qui s’écroule, c’est une violence qui impose son poids total. De l’extérieur, on compare. De l’intérieur, on survit.
C’est ce que nous vivons avec Chardons Bleus. Alors que les horreurs du monde se déroulent en direct, nous affrontons depuis des années une autre forme d’horreur, moins visible, mais pas moins dévastatrice. Des procédures judiciaires interminables, des souvenirs qui resurgissent au détour d’une audience, des victimes qui portent encore les stigmates d’une enfance volée. À l’échelle du monde, cela paraît dérisoire. À l’échelle de nos vies, cela est absolu.
Chaque drame collectif ou intime vient recouvrir le précédent sans jamais l’effacer. L’histoire mondiale et l’histoire personnelle se croisent, se répondent, parfois se confondent. Et ce qui reste, c’est cette impression de vivre dans un palimpseste de douleurs et de luttes, où chaque nouvelle couche ne détruit pas l’ancienne mais la rend plus difficile à porter.
Et pourtant, dans ce chaos, quelque chose résiste. À travers chaque combat, chaque témoignage, chaque geste de solidarité, une lumière persiste, fragile mais tenace. Elle n’efface pas l’horreur, mais elle empêche qu’elle soit totale. C’est cette lumière qui nous relie, qui nous maintient debout, et qui nous rappelle que même au cœur de la nuit, il reste toujours une part de jour à reconquérir.
c’est la résilience qui nous maintient debout, et qui affirme que malgré l’horreur, nous pouvons encore choisir la justice, la solidarité et la vie.