Il y a quatre ans, au lendemain d’un jugement qui sur le moment n’était peut-être même pas définitif, je pensais à tout arrêter. Arrêter d’attendre, d’espérer, de me battre. Honnêtement, si ça devait aller à Mons, j’arrêtais. Je voulais m’éteindre, sur une île lointaine, Sans Internet, avec des livres et des caipirinhas, Pour oublier ce monde où l’injustice prospère.

Mais comment oublier, vraiment, Quand l’oubli serait un abandon ? Comment dormir tranquille, Quand les mensonges et les silences Pèsent comme des chaînes ?

Le plus dur, ce n’est pas de parler, De témoigner, de relire les récits gravés De victimes brisées par des prédateurs sacrés. Le plus dur, ce n’est pas la douleur : C’est l’attente. Attendre que justice daigne avancer, Attendre entre chaque étape, suspendu, Sans autre but que de tenir, Tirer, porter, comme un Sisyphe de notre temps.

Quatre ans plus tard, la charrette avance encore, mais en France cette fois. Pesante, grinçante, mais toujours en mouvement. Mon frère, mes amies d’enfance, C’est leurs batailles, et pourtant c’est aussi la mienne. Car si je m’arrête, qui continuera ? Si je lâche, qui portera ce fardeau avec elleux?

J’ai parfois envie de brûler le temple, De réduire en cendres ces mensonges, Ces murs bâtis sur le sable mouvant du déni. Ils disent que nous sommes radicalisés, Mais ils n’ont encore rien vu. Nous ne faisons que commencer : L’apéritif est servi, Mais l’heure du repas sonne bientôt.

Alors oui, je doute. Parfois la nuit, les questions me hantent. Suis-je en train de perdre ma vie, mon temps ? Et si j’abandonnais, Est-ce que tout cela continuerait sans moi ? Ces doutes me consument, Mais ils ne m’éteignent pas.

Car à chaque recul, une avancée survient, Comme un souffle dans cette course infernale.

Et je me rappelle : Certaines batailles ne se lâchent pas. Elles se terminent, ou nous terminent.

Oui, la vie, les gens qui regardent appelle à “passer à autre chose”, Mais comment passer à autre chose Quand cette chose-là reste invaincue ? Comment baisser les bras Quand le combat pour la vérité est un devoir, Une nécessité vitale, Un acte de révolte contre l’injustice silencieuse ?

La justice est un marathon, un feu sacré. Et tant que ce feu brûlera en moi, Je porterai ce combat, Non pour moi seul, mais pour elleux, Pour celleux qui ne peuvent plus courir, Pour celleux qui attendent, encore, Que la vérité éclate enfin, Et que le mal, un jour, plie sous son poids.

Que ce texte serve de phare, Pour moi et pour vous, Pour nous rappeler que même dans l’attente, Même dans les doutes, La lumière de la justice, un jour, Triomphera.

ChardonsBleus