Réponse à Carlo Luyckx en rapport a sa newsletter intitulée: La reconnaissance du bouddhisme comme philosophie non confessionnelle

Cher Monsieur Luyckx,

Je prends note avec intérêt de votre message sur la reconnaissance du bouddhisme comme philosophie non confessionnelle et des obstacles rencontrés dans ce processus.

Cependant, je souhaite attirer votre attention sur une dimension du bouddhisme qui, à mon sens, mérite une analyse plus nuancée, particulièrement en ce qui concerne le bouddhisme tibétain et ses dérivés. Bien que certaines formes de bouddhisme puissent être considérées comme des philosophies ou des arts de vivre, d’autres, comme le bouddhisme tibétain, présentent des caractéristiques propres aux religions structurées, voire à des cultes.

  1. Hiérarchies et dogmes

Le bouddhisme tibétain se distingue par une hiérarchie stricte organisée autour de lignées et de maîtres spirituels, qui détiennent un pouvoir quasi-absolu sur leurs disciples. Cette structure s’accompagne de dogmes tels que la réincarnation, notamment à travers le système des tulkus, où des enfants sont désignés comme réincarnations d’êtres spirituellement avancés, souvent sans leur consentement éclairé.

  1. Distorsions du karma

La notion de karma, dans le bouddhisme tibétain, a souvent été interprétée de manière à renforcer des relations de domination. Par exemple, les disciples sont encouragés à accepter les abus ou les injustices comme des conséquences de leurs actions passées, ce qui maintient un système oppressif et limite toute remise en question.

  1. Samaya et “moyens habiles”

Le concept de samaya (vœux sacrés liant maître et disciple) et l’idée des “moyens habiles” permettent aux maîtres de justifier des comportements contraires à l’éthique sous prétexte d’atteindre un but spirituel. Cela peut inclure des abus de pouvoir, des abus financiers et même des violences sexuelles. Les scandales autour d’organisations comme Shambhala, Rigpa ou Ogyen Kunzang Choling (OKC) en témoignent.

  1. Dérives systématiques

Les affaires Shambhala, Rigpa ou encore les nombreux abus signalés au sein de communautés tibétaines démontrent que ces dérives ne sont pas isolées, mais systémiques. Le silence prolongé de la hiérarchie tibétaine, y compris du Dalaï-Lama dans certains cas, face à ces abus pose également question quant à l’éthique globale de ces institutions.

En résumé,

Ces éléments démontrent que le bouddhisme tibétain, contrairement à d’autres formes de bouddhisme, fonctionne comme une religion avec ses rituels, ses dogmes et ses hiérarchies. Il serait donc inexact de le classer comme une simple philosophie non confessionnelle. Reconnaître ces distinctions permettrait d’éviter une généralisation qui pourrait nuire à une compréhension honnête des diverses formes de bouddhisme présentes en Belgique et ailleurs.

À un moment donné il faut arrêté de relayer le mythe et regarder la réalité telle qu’elle est pour réellement protéger la société, les potentiels adeptes de notion qui ne font qu’entretenir un système en roue libre qui refuse de se remettre en question.