J’ai encore un compte Facebook pour gérer la page @chardonsbleus.org / @okcinfo.news

Hier je vais faire mon tour hebdomadaire pour voir si la page à besoin d’attention et je switch sur la section vidéo de FB et je tombe sur la vidéo d’Amélie Nothomb sur un bout (tragique) de sa vie privée.

Elle aborde un point très intéressant notamment sur le fait de prendre ce qui est confié sans demander plus, en respectant ce que la victime, la survivante veut bien confier ou pas, personnellement c’est quelque chose pour lequel j’ai du m’éduquer pour ne pas tomber dans ce piège et savoir accepter sa place, même quand la confidence vient de quelqu’un avec qui on partage sa vie ou quelqu’un de très proches, une amie d’enfance par exemple..

En tant que mec, avant 2016 et les impacts du travail en justice entamé avec OKCinfo avant d’avoir entendu des témoignages déchirant de vérité, mais de souffrance aussi.. pour moi la question des abus, particulièrement les abus sexuels étaient quelques choses de très abstrait, pour tout un tas de raison, c’était quelques choses de tellement étranger et inhumain à mes yeux que pour le comprendre j’ai eu besoin de lire des témoignages de femmes partagé publiquement, j’ai eu besoin de lire pour m’éduquer sur la question, j’avais l’impression que sans savoir je ne pouvais pas comprendre et sans comprendre je ne pouvais pas combattre et transmettre à un plus grand public, quand je me retrouvais dans une position de porte parole, de donner un aperçu, sans aller trop loin du vécu de personnes qui sont mes meilleures amies, qui me sont très très chères, que j’avais envie de comprendre.

Par la suite j’ai eu une compagne avec qui j’ai partagé un bout de vie et parfois j’avais du mal à pas avoir le même niveau de compréhension, les histoires d’abus étaient devenu tellement un quotidien, presque une banalité que j’arrivais plus à mettre le curseur d’où était la limite à respecter, la barrière à ne pas pousser et à respecter en parlant de ça avec des victimes, hors affaire OKCinfo. J’ai dû revoir mes comportements pour réapprendre à mettre ces révélations, dans le cadre du privé, après avoir passé 8 ans à les dénoncer en publique.

Après 8 ans de batailles juridiques, Facebook a compris ce qui me tourmentait et en parties ces batailles judiciaire car à chaque fois que j’ouvre l’application je suis confronté à des vidéos comme celle de Nothomb ci plus haut.

des histoires de sectes, d’enfants battus, de femmes violentées..

j’en viens à sentir mon niveau de stress augmenter en ouvrant l’app Facebook, Twitter n’en parlons même pas, pour d’autres raisons.

d’un côté c’est bien que ces histoires soient dites, qu’elles existent dans le champ de l’information et d’un autre côté, c’est affolant à quel point les plateformes se nourrissent de nous et nous balance des trucs dans la gueules qui peuvent être violent, qui peuvent faire effet trigger warning terrible pour des victimes d’abus en tout genre.

Et nous, en tant utilisateurs/trices n’avont quasi aucun pouvoir sur ces algorithmes boîtes noirs qui s’immiscent dans nos vies.

Et en même temps, ces mêmes algorithmes peuvent faire remonter des trucs super intéressant comme cette vidéo de Panayotis Pascot, un livre que je vais certainement me procurer.

bref.. tout ça pour dire..qu’entre voyeurisme et besoin de comprendre parfois légitime, il y a toujours la frontière première de la personne concernée et qu’elle passe toujours avant tout, même si comme Nothomb le dit : se mettre à nu peut aider d’autres personnes, d’autres survivants/tes à s’en sortir, mais les alliés ne proviennent pas spécialement du grand public, qui pour une partie se nourrit de ses tragédie de vies comme de faits divers et vont même, comme sur certaines de nos vidéos à émettrent des commentaires sans la moindre once de compassion ou juste d’humanité.